Bois ton sang, Montjoye, la soif te passera

Un beau jour de janvier 1463...

La saison était hivernale, mais la géopolitique d'Occident semblait chaleureuse en cette nouvelle année.
Le Lion, en pèlerinage de courtoisie sur la terre des Ducs de Savoie, s'en était senti l'âme réchauffée.
Messire arborait au côté l'épée familiale, destinant toutefois la lame à rester en son fourreau,
En ses mains quelques parchemins, au sujet du fief Montjoye, qui fut de sa maison le berceau.

La silhouette s'était introduite dans le Palais, en secouant les flocons tombés sur sa cape sombre.
Natif du pays, bien qu'il en fut un temps banni, Amédée retrouva sans mal son chemin en ce lieu.
L'homme se dirigea alors vers le logis de la hérauderie, ou il avait à se renseigner.

Flair, oreilles dans les murs, affaires d'oseille et murmures ... le félin montra patte blanche :

" Veuillez annoncer Amédée de Montjoye, fils de feu le Duc Raoul,
 je souhaiterai éclaircir quelques sujets avec la hérauderie.
 En principe c'est en cette institution que l'on gère les dossiers de ma famille, du moins,
 quand une certaine reine déchue n'y manipule pas les registres pour son bon plaisir. "

Il avait souri en coin en s'adressant au valet, espérant qu'apparaîtrait bientôt un visage plus familier.

Montjoye fumait trop de pavot. Les subtiles fragrances de fleurs de lavande n'avaient su l'atteindre.
De dame Lavande Lavorel, en revanche, messire se souvenait. Car il avait séjourné au Palais des Ducs.
Le Lion avait bien failli se faire couronner, mais sa candidature avait souffert quelques handicaps.
Messire se réclamait alors du peuple genevois, annexé, du temps des guerres de son cousin Ludwig.

Une drôle d'époque, pour sûr. Et l'Histoire étant éternel recommencement, ce ne serait pas la dernière.
De l'eau semblait toutefois avoir coulé sous les ponts. Torrents limpides et autres coulées vaseuses...
Répondant aux présentations de circonstance, Amédée le Lion fit retomber sa capuche sur ses épaules.
Comme il n'était pas certain que les rencontres passées lui rendent justice, il éluda cette question :

" Ravi... à vrai dire plusieurs sujets m'amènent. J'étais déjà venu en ce lieu, afin de mettre à jour mon
arbre généalogique. Mais une veuve noire aux allures d'ingénue, qui était héraut, me l'avait refusé... "

Au fil des ans, le cas Montjoye aurait pu devenir un cas d'école si les autorités ne s'étaient contentées de
se le transmettre sous le manteau, en prenant soin d'éviter qu'un sage jury ne puisse s'en emparer.

" Par ailleurs, on m'a fait part des jugements rendus à propos de l'usurpation de la Baronnie de Montjoye.
Je suis étonné que pour une fois, l'on ait daigné étudier ces encombres que l'on nomme pièces à conviction.
Son sens de la communication doit le desservir, mais sa grâce César fait montre de sérieux et de méthode.
La hérauderie semblant sur pied, après ses longues errances, vous saurez peut-être défendre mes droits. "

Le visiteur finit tout de même par s'asseoir...

Lavande avait tiqué quand le Montjoie avait découvert son chef. Elle n'avait jamais eu de mémoire pour les mauvaises choses, mais son visage fit lumière. Elle s'efforça à ne faire paraître aucune d'émotion, son rôle de héraut le voulait. Elle n'était plus le conseiller, le soldat, le capitaine mais elle devait servir la noblesse sans état d'âme ici lieu. Lavande passa sur son abdomen une main, là où encore cicatrice couvrait son corps, et écouta l'homme.

Cesar a le caractère des Grands, monsieur. Cela n'a pas plus à tout le monde en effet. Plus bas... Un homme détestable et détesté, au demeurant...

Il me faudrait savoir quels sont les changements que vous voulez apporter à votre généalogie.

En ce qui concerne dame Sarah Elisabeth Von Strass, elle a en effet été destituée du titre de vicomtesse de Montjoie. Enquête a été faite en hérauderie et conclusion avérait qu'elle s'était elle-même approprié et élevé le fief par diverses tromperies, usant et abusant de son titre de héraut.

Lavande sortit de son dossier un feuillet qu'elle tendit au Montjoie

Voici le document rapportant l'enquête et sa conclusion.



[quote="Pierre_von_kolspinne"]

Citation :

HERAUDERIE
DE
SAVOIE

Conclusion d'enquête

FAITS

Le fief de Montjoie a été attribué en récompense, pour services rendus à la Savoie, à Raoul de Montjoie, dit Roi Lezard, avant que ce dernier en soit destitué par l'impératrice Marina Adala Borgia. Revendiqué en héritage par Amédée de Montjoie, refusé à Millerose Di Leostilla comme fief de retraite, il a finalement échue à Sarah Elisabeth Von Strass d'Acoma comme fief de retraite.

EXPOSE

Le quatre juin mille quatre cent cinquante sept, Raoul de Montjoie, dit Roi Lézard, est anobli, par le duc sortant Eddo Puègmirol, seigneur de Montjoie (ANNEXE I). Le vingt huit septembre mille quatre cent cinquante sept, le duc sortant Pierre Von Kolspinne Rosenberg Von Valendras élève la seigneurie de Montjoie en baronnie (ANNEXE II). Enfin, Montjoie est élevé en vicomté par le roi de Lotharingie Victor Hadrien de Spartes (ANNEXE III) le vingt deux mars mille quatre cent cinquante neuf. Le fief de Montjoie passe, alors, sous allégeance du royaume de Lotharingie comme l'indique l'ANNEXE III

Comme le démontre la liste des nobles savoyards dressée lors de diverses cérémonies d'allégeance (ANNEXE IV, V, VI, VII), Raoul de Montjoie, dit Roi Lezard, prête hommage au duc de Savoie pour les terres de Montjoie. Ces hommages successifs cessent dés l'élévation de la baronnie de Montjoie en vicomté.

Suite à de nombreuses polémiques, suscitées par le changement d'allégeance du fief de Montjoie, comme de trois autres, l'impératrice Marina Adala Borgia, conseillée en cela par le régent de Lotharingie Imladris van Ansel, décide de ramener Montjoie à son rang de Baronnie et d'accorder à Raoul de Monjoie, en compensation du rang perdu, la seigneurie d'Arlan, sise dans le domaine royal, (ANNEXE VIII) le premier juillet mille quatre cent soixante. Lors de cette rétrogradation le fief de Montjoie est, de facto, retourné sous vassalité de la Savoie comme en atteste le régent de l'époque, Imladris Van Ansel (ANNEXE IX). En atteste également la cérémonie d'allégeance suivant cette rétrogradation où Raoul de Montjoie prête allégeance à la duchesse de Savoie le dix aout mille quatre cent soixante (ANNEXE X). Allégeance dument acceptée.

A cette date, Raoul de Montjoie ne possédait aucun autre fief en Savoie. Arlan est sise dans le domaine royal, en Luxembourg. Et Raoul de Montjoie n'a eu qu'un seul autre fief en Savoie, Turin, dont il avait été destitué le vingt et un septembre mille quatre cent cinquante neuf (ANNEXE XI). L'allégeance de Raoul de Montjoie était donc obligatoirement pour Montjoie à cette date là.

Raoul de Monjoie ne participera, après cela, plus à aucune cérémonie d'allégeance en Savoie, du fait de sa destitution du fief de Montjoie par l'impératrice Marina Adala Borgia le onze septembre mille quatre cent soixante (ANNEXE XII).

Suite au décès de Raoul de Montjoie en mille quatre cent soixante et un, son fils Amédée fait savoir ses prétentions à l'héritage de la baronnie Montjoie au prétexte que l'impératrice n'était pas suzeraine de Montjoie et n'avait, par conséquent, aucun droit à destituer son père. Nous rappelons la règle "le vassal de mon vassal n'est pas mon vassal". Seul un suzerain peut destituer un vassal. Le suzerain du suzerain, lui, doit faire une demande à son vassal pour destituer le vassal de celui si. En l’espèce, l'impératrice aurait dû demander à la duchesse de Savoie de destituer Raoul de Montjoie de son fief de Montjoie, comme elle le fit pour Nashia en demandant à Melisende de la destituer à la même occasion. Hors la duchesse de l'époque, au ban, a déclaré n'avoir pas destitué Raoul de Montjoie (ANNEXE XIII). Pour cette cause, la hérauderie de Savoie a dû geler le fief dans le but d’enquête.

A la fin de son règne, la duchesse Millerose Di Leostilla émis le souhait d'acquérir Montjoie sous forme de vicomté de retraite. Je puis attester qu'elle m'en avait personnellement parlé et qu'elle avait pour intention, ensuite, de trouver un moyen de la restituer à Amédée de Montjoie. Comme en atteste l'ANNEXE XIV, c'est le héraut Sarah Elisabeth Von Strass d'Acoma qui la lui a refusé. L'ANNEXE XVIII nous confirme le refus fait à Millerose Di Leostilla. L'ANNEXE XIV nous informe que ce refus s'est fait au prétexte que le fief était possédé par le royaume de Lotharingie et que celui si n'avait pas accédé à la demande de la requérante. Prétexte fallacieux puisque le fief était retourné sous allégeance savoyarde, comme l'ont déjà attesté les ANNEXES IX et X.

Montjoie est ensuite demandé, à nouveau comme fief de retraite, par la même Sarah Elisabeth Von Strass d'Acoma (ANNEXE XV). Aux hérauts savoyards surpris et réticents, celle si répond qu'elle a l'accord du roi de Lotharingie qui était alors Leif Von Dumb (ANNEXES XVIII et XIX). Alors qu’elle est mise au courant que le fief est gelé pour enquête (ANNEXE XIX), il est répondu que le fief est royal et non savoyard. De fait les hérauts refusent de signer la contre patente : si le fief n'est pas savoyard, ce n'est pas à la hérauderie de Savoie de s'en occuper.

L'explication donnée à Millerose di Leostilla (ANNEXE XIV) est légèrement différente. Le fief appartenait au royaume de Lotharingie et aurait été ramené en Savoie par le roi Leif Von Dumb. La raison pour laquelle Millerose Di Leostilla n'aurait pu bénéficier de ce fief est le temps qu'il a fallut pour cette opération.

Hors l'accord donné par Leif Von Dumb (ANNEXE XVI) ne fait pas mention du fief de Montjoie mais uniquement de l'accord que la duchesse sortante obtienne un fief de retraite.

Le roi de Lotharingie, de son coté, présente une toute autre version des faits (ANNEXE XVII). La requérante lui aurait demandé de lui accorder ce fief prétextant qu'il appartenait en partie au royaume de Lotharingie, en partie au duché de Savoie. Le roi de Lotharingie septique sur cette explication, affirme avoir renvoyé la requérante vers la hérauderie de Savoie.

L'ANNEXE XVIII montre que la demande d'attribution de ce fief avait pour objet de clore l'affaire de Montjoie et par la même l'enquête en cour. De plus il apparait que la fiche nobiliaire de Sarah Elisabeth Von Strass d'Acoma possède, à l'heure actuelle, la mention de la détention de ce fief. Melisende Maledent de Feytiat et Lavande Lavorel m'ont, toutes deux, affirmé ne pas avoir modifié la dite fiche en ce sens. Je ne l'ai pas fait non plus. La seule personne qui pouvait le faire se trouve donc le dernier héraut en fonction à l'époque, Sarah Elisabeth Von Strass D'Acoma.

Pour ces faits, Sarah Elisabeth Von Strass d'Acoma, à l'époque héraut de Savoie, n'a pas obtenu de contre patente. La hérauderie de Savoie n'en a pas fourni, puisqu'il lui fut prétendu que ce n'était plus de son ressort, le fief appartenant au royaume de Lotharingie. Le royaume de Lotharingie n'en a pas donné puisque, pour lui, ce n'était pas de son ressort. L'ANNEXE XVIII montre que Sarah Elisabeth Von Strass d'Acoma connaissait les conséquences d'un port de titres sans contre patente. Hors celle si a, plusieurs fois, prêter allégeance aux ducs régnant pour ce fief. Voté au ban de Savoie pour ce fief. A, également, signé et scellé des courriers officiels en se prévalent de ce titre (ANNEXE XX).

CONCLUSIONS

ATTENDU qu'un fief de retraite doit être issue des fiefs disponibles de la province où le règne a eu lieu
ATTENDU que le fief de Montjoie avait été restitué à la Savoie
ATTENDU que le roi de Lotharingie a refusé d'intervenir

DISONS que le royaume de Lotharingie n'a pas donné le fief de Montjoie à Sarah Elisabeth Von Strass d'Acoma

ATTENDU que le fief de Montjoie était gelé pour enquête à la hérauderie de Savoie
ATTENDU que la hérauderie de Savoie n'a délivré aucune contre patente pour la remise de ce fief

DISONS que le duché de Savoie n'a pas donné le fief de Montjoie à Sarah Elisabeth Von Strass d'Acoma

ATTENDU que le royaume de Lotharingie n'a pas donné le fief de Montjoie à Sarah Elisabeth Von Strass d'Acoma
ATTENDU que le duché de Savoie n'a pas donné le fief de Montjoie à Sarah Elisabeth Von Strass d'Acoma
ATTENDU que suite à son mandat de duchesse de Savoie Sarah Elisabeth Von Strass d'Acoma a droit à un vicomté de retraité
ATTENDU que le fief de Montjoie est toujours gelé
ATTENDU que Sarah Elisabeth Von Strass d'Acoma avait été informé de l'impossibilité de la Savoie d'attribuer ce fief en l'état
ATTENDU que les délais raisonnables de demande de fief de retraite sont échus

PLAISE le duc de Savoie d'accorder un autre fief de retraite

ATTENDU que Sarah Elisabeth Von Strass d'Acoma a délibérément porté un titre qu'elle savait ne pas posséder
ATTENDU que les statuts juridiques de la noblesse impériale francophone en vigueur à l'époque des faits disent dans le paragraphe trois de leur chapitre quatre "Le délit de port de faux titre ou d’usurpation est répressible de trouble à l'ordre public par les juridictions judiciaires classiques de chaque province ou La Cour d'Appel Royale en pour toutes procédures d'appel. C'est un délit "royal" car l'interdiction est valable pour toutes les provinces. Est compris aussi dans ce délit le port d'accessoires héraldiques réservés aux porteurs d'un titre précis (couronne, manteaux, ornements...). Il est en revanche permis au roturier le port d'un blason ou d'une particule. Le port en signature du blason d'une ville ou d'une province, par des roturiers ressortissants de celles-ci, est autorisé accompagné de la mention : "Blason de la ville de ..." ou "Blason du duché de ...". Un délit de port de faux titre ou d'usurpation peut avoir plusieurs forme : en signature d'un écrit (HRP : nom, sceau, ou signature forum publiquement visible), lors d'une intervention publique (HRP : signature forum pour une intervention forum, titre Allopass pour l'IG), lors d'une présentation (HRP : lorsqu'on se présente comme tel lors d'un RP, ou sur sa présentation de fiche RP qui est alors considérée comme "rumeur" sciemment répandue par le personnage). Un registre des personnes recherchées pour de tels délits sera tenu et lisible du public à l'Assemblée des Hérauts de Lotharingie."

DISONS que la hérauderie de Savoie déposera une plainte contre Sarah Elisabeth Von Strass d'Acoma auprès de la cour de justice savoyarde pour trouble à l'ordre public

ATTENDU la volonté déclarée de stopper une enquête de la hérauderie savoyarde
ATTENDU que Sarah Elisabeth Von Strass d'Acoma s'est servi de ses droits de hérauts à des buts personnels

PLAISE le duc de Savoie intenter un procédure pour Haute Trahison

ATTENDU que Sarah Elisabeth Von Strass d'Acoma a induit en erreur les régnants savoyards par ses déclarations mensongères et par la modification de sa fiche nobiliaire
ATTENDU que le Dol est une manœuvre d'un cocontractant dans le but de tromper son partenaire et provoquer chez lui une erreur qui est cause de nullité d'une convention

DISONS que le lien vassalique entre Sarah Elisabeth Von Strass d'Acoma et le duché de Savoie pour la vicomté de Montjoie est nul, et qu'ainsi toutes les prestations de serment auxquels elle a pris part pour Montjoie sont nuls.
PLAISE le duc de Savoie demander une destitution des fiefs vassaux de la Savoie pouvant être touchés par cette nullité.

LISTE DES ANNEXES

-ANNEXE I : anoblissement de Raoul de Montjoie
-ANNEXE II : élévation de Montjoie en baronnie
-ANNEXE III : élévation de Montjoie en vicomté
-ANNEXE IV : liste des allégeance au duc Pierre Von Kolspinne
-ANNEXE V : liste des allégeance à la duchesse Pisenlit
-ANNEXE VI : liste des allégeance au duc Laclemanus
-ANNEXE VII : liste des allégeance au duc Charles
-ANNEXE VIII : rétrogradation de Monjoie
-ANNEXE IX : témoignage Imladris van Ansel
-ANNEXE X : allégeance du 10 aout 1460
-ANNEXE XI : destitution du fief de Turin
-ANNEXE XII : destitution Montjoie
-ANNEXE XIII : propos d'Alinoe de Chenot devant le ban de Savoie
-ANNEXE XIV : correspondance Millerose - Sarah Elisabeth
-ANNEXE XV : demande de fief de retraite
-ANNEXE XVI : accord du roi de Lotharingie
-ANNEXE XVII : témoignage Leif Von Dumb
-ANNEXE XVIII : témoignage Lavande Lavorel
-ANNEXE XIX : témoignage Mélsende
-ANNEXE XX : destitution Narisa

Fait et scellé au château des ducs de Savoie le neuf décembre mille quatre cent soixante deux par nous, Pierre Von Kolspinne Rosenberg Von Valendras

Tandis que le Lion prit le temps de lire l'ensemble de la documentation,
L'héritier de la maison spoliée ne laissait transparaître nulle émotion.
Après s'être gratté le menton, songeur, il confia :

" En effet, le rapport de la situation est ma foi assez détaillé.
L'on pourrait malheureusement ajouter d'autres malversations,
mais l'essentiel des déboires des Montjoye se tient là... "

Amédée se leva alors de son banc. Il parcourut quelques pas vers la fenêtre,
parcourut de ses regards les montagnes de Savoie, et poursuivit :

" Le Saint Empire n'a jamais daigné rendre justice à mes parents. C'est un fait.
Mais j'ose espérer que la noblesse de Savoie s'en souvienne, et ce,
même si certains charognards y ont vu l'occasion de nous voler...
C'est pourquoi j'entends renouveler les revendications familiales sur Montjoye. "

Et le chevalier de s'asseoir à nouveau, les fantômes du passé virevoltant en son esprit.

Messire resta un instant silencieux. Etablir la liste des tracas héraldiques de la maison serait laborieux.
Si on l'étudiait en détail, cette affaire concernerait plusieurs guerres, trois ou quatre empereurs....
Non, le Lion n'avait pas le temps qu'il faudrait pour soutenir toutes ses légitimes revendications.
Aussi le chevalier se contenterait-il pour l'heure du berceau de sa lignée, au climat déshérité.

" Ne croyez pas que je sois pressé. Voilà longtemps que la situation est trouble. "

Il rédigea néanmoins le courrier sans se faire prier, aussi concis que possible,
inspiré par celui dudit Rethun von Valendras, un homme estimé de la famille.

Citation :

A la Hérauderie du Duché de Savoie
En ce XVIIIème jour de janvier, An de grâce 1463


Par la présente, nous, César-Amédée de Montjoye, fils de Raoul et d'Aélis, revendiquons de droits la Baronnie de Montjoye, étant l'aîné de la famille et le plus à même d'en assumer la responsabilité.
Ces terres n'auraient jamais dû quitter le giron familial, en raison du fait que nulle justice ne nous a jamais été rendue par des autorités légitimement compétentes.
En guise de bonne foi, nous invoquons la mémoire des hauts-faits de notre paternel. Moult fois condamné, mais jamais jugé.

Rédigé en Hérauderie de Savoie


A.

Pour ce qui touchait à l'arbre généalogique, il fallait encore faire quelques recherches afin de ne léser personne.
Les temps étaient durs pour la famille, et beaucoup de ses membres avaient péri avant l'heure...

Lavande prit le document, l'examina et sourit légèrement à la couleur du sceau. l'acte était certainement voulu.

Bien, je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Si vous le permettez, je vous ferai avertir dès qu'enquête sera bouclée et décision prise.

Amédée le Lion s'inclina à ses propos, avant de s'en retourner vers les terres de Lorraine...

" Merci de m'avoir reçu. Je reviendrai quand j'aurai eu le temps de compter mes morts,
et nouveaux nés, pour mettre à jour l'arbre généalogique de la maison. Au plaisir. "

Un peu de temps avait passé, Amédée était revenu. Son affaire d'arbre généalogique demandait encore confirmation de la mort de sa bien-aimée soeur disparue, aussi s'inquiétait-il cette fois de ses armoiries.

" Bien le bonjour dame Lavande, je vous ai apporté quelques croquis pour un blason... si cela est dans vos cordes."

Il sortit divers parchemins de sa besace et les aligna sur le bureau.

"J'aurai besoin d'un écu de la forme destinée aux chevaliers, éventuellement une partition en écartelé, ou alors partition en taillé, j'hésite, alternant quoi qu'il en soit les couleurs de St-Vincent avec celles des Bandes Noires, avec sur le tout l'écu personnel que me légua autrefois mon père."

Les modèles, étaient tous là ...

BANDES NOIRES :



SAINT-VINCENT :


SUR LE TOUT :

Lavande prit le temps de la réflexion et observait le sire de Montjoie.

Amédée ?...Petite pause Si cela ne vous dérange pas...Je ne veux pas paraître curieuse mais... Quel est la signification de votre blason des bandes noires ?

Le héraut s'était activé avec une certaine rapidité, aussi Amédée était fort content.
Il contempla le travail sous tous les angles avant de répondre :

"La signification... évidemment, c'est toute une histoire. La compagnie des Bandes Noires a été baptisée ainsi par mon père, car en quelque sorte, elle porte symboliquement le deuil de la chevalerie, morte à ses yeux désillusionnés. A l'époque, le blason ressemblait plutôt à celui de Savoie dont on aurait noirci la couleur de gueule, pour conserver une marque de notre terre d'attache. Or désormais, comme nous avons pu nous reformer avec la bénédiction du Duc de Lorraine, c'est désormais un élément bien reconnaissable de l'écu lorrain qui remplace l'ancienne croix de St-George savoisienne, à savoir la bande aux alérions. La couleur de sable conserve le même message.

Je trouve votre travail bien réussi, grand merci. Il y a bien un petit détail que j'aimerai voir modifié, dans la mesure du possible, à savoir des croix trêflées de taille un tantinet plus réduite afin que celle du haut ne soit pas chevauchée par l'écu sur le tout. Vous croyez cela faisable ? je pense que le tout s'en retrouverait plus homogène. En tous les cas, bravo."

Un an plus tard...


Grincements de portes et cliquetis d'éperons émanèrent des couloirs, et le voilà qui s'annonçait dans l'antre des barbouilleurs d'écus. Comme chaque année à l'approche du printemps, Amédée le Lion visitait la hérauderie savoisienne dans l'optique de faire un peu de ménage dans les affaires familiales.

"Salve, braves gens... et moins braves."

Messire marqua un temps d'arrêt. Par quoi allait-il commencer ?

"Cette fois c'est la bonne, je viens rédiger sous vos yeux la nouvelle mouture de mon arbre généalogique, que j'aimerai faire au plus simple, avec donc, tout ce qui concerne feu mon paternel et ses descendants. On compterait ainsi trois générations de Montjoye, si je ne m'abuse c'est le quota ?

Sinon, j'en profite pour vous annoncer que ma très chère soeur a été retrouvée, vivante, après une disparition qui laissait présager le pire. Il en résulte revirements dans nos revendications, selon le testament de Raoul. Comme cette affaire est en attente depuis belle lurette, j'imagine que rien n'a avancé ?

Nous sommes en 1464, or nôtre famille attend justice depuis 1458, ce qui nous fait tout de même 6 années d'injustice à réparer. Pour l'heure je vais tenter de simplifier la tâche au duché, qui semble avoir du mal à jouer son rôle d'exécutif en les affaires nobiliaires, en faisant une offre à l'amiable :

Je souhaite que la Vicomté de Turin, avec ses dépendances Rivoli, San Gillio et Moncalieri, ainsi que la Baronnie de Montjoie, avec ses fiefs Megève et Saint-Gervais, soient remis à ma soeur Rose dès qu'elle sera de retour au pays, d'ici quelques semaines. Si ceci est fait, alors nous oublierons dommages et intérêts."

L'attaque était directe, mais honnête. Connaissant l'animal, le sous-entendu de la fin laissait présager quelques heurts en cas d'échec des négociations. L'homme se savait capable de se tailler lui-même la part du Lion dans le Duché. L'Empire n'avait pas pu l'empêcher de le faire en Luxembourg...

C'est alors qu'il déroula un parchemin estampillé des armes familiales, en leur temps réalisées par le doué Kekione, commençant à y inscrire son arbre, en attente des remarques de l'institution :

Citation :

Généalogie de la noble et courageuse maison de Montjoye

Chef de famille : César-Amédée de Montjoye [IG : Amedee.le.lion]
Héritier : Christos-Louis de Montjoye [IG : Christos_louis]


Prime Génération

1. Feu Raoul de Montjoye (1413-1461) [IG : Roi-Lezard]
Enième Duc de Savoie ; Seigneur d'Arlon ; Duc douairier de Remiremont ; Vicomte de Turin ;Vicomte douairier de Charmes ; Baron de Vaud et de Montjoye ; Baron douairier de Deuilly ; de Viviers et de Rambervillers ; Grand Maître de l'Ordre du Dragon Renversé
Epoux en primes noces de feue Victoire-Alexandrine, née von Frayner [IG : Victorinne]
Epoux en secondes noces de feue Aélis, née Maledent de Feytiat [IG : Aelis]


Seconde Génération

De l'union légitime de Raoul de Montjoye et Victoire-Alexandrine von Frayner

1.1 Feu Adrian de Montjoye (1429-1461) [IG : Adrian.de.montjoie]
Baron de Viviers, Seigneur de Provenchères
Son mariage indigne, et éventuels fruits de cette union, furent reniés par Raoul


De l'union légitime de Raoul de Montjoye et d'Aélis Maledent de Feytiat

1.2 César-Amédée de Montjoye (dates inconnues) [IG : Amedee.le.lion]
Enième Duc de Lorraine ; Contesté Marquis d'Arlon ; Baron de Vaud ; Seigneur de Saint-Vincent
Epoux en primes noces d'Aanor Scáthach, née von Frayner [IG : Scath_la_grande]

1.3 Rose de Montjoye (dates inconnues) [IG : Rose.de.montjoye.]
Prétendante aux titres de Vicomtesse de Turin ; Baronne de Montjoye


De l'union illégitime de Raoul de Montjoye et Blanche Visconti

1.4 Feu Pietro-Dario de Montjoye ( 1444-1464) [IG : Pietro.dario]
Passé de vie à trépas sans avoir eu de descendance

Tierce Génération

De l'union légitime d'Amédée de Montjoye et Aanor Scáthach von Frayner

1.2.1 Christos-Louis de Montjoye (dates inconnues) [IG : Christos_louis]

1.2.2 Perceval-Aélis (dates inconnues) [n'existe pas IG]

Bonjour. Je vais examiner cet arbre. Pour ce qui est de' vos revendications. Il vaut que je me renseigne, je ne suis pas au fait de votre dossier.

Le Montjoye s'était légèrement incliné pour saluer la jeune duchesse. Il précisa encore :


"Pour ce qui est de mon dossier, une partie se trouve en ce bureau quand le reste a disparu dans les limbes de l'histoire. Si les déboires de ma famille n'ont pas été traités en 6 ans je ne crois pas que vous renseigner fera avancer les choses. Au bout d'un temps aussi incroyablement long, je pense qu'on serait sage d'appliquer une forme de prescription, un arrangement réciproque et féodal. Aujourd'hui je parle de noblesse, pas de bureaucratie labyrinthique. Je pense qu'une confrontation courtoise avec sa grâce Elias, voire face à l'assemblée du ban, avec un simple rappel de quelques faits, serait fort à propos pour mettre un terme à des années de discorde. Je ne souhaite pas reprendre ces fiefs spoliés pour moi-même, mais pour feu mon père, pour ma soeur. Il s'agit de redorer le blason d'une noble maison savoyarde, que l'on a honteusement bafouée."

Montjoye laissa passer quelques jours et revint aux nouvelles :

"Monsieur le Duc a-t-il répondu à ma proposition de confrontation ?"

Amédée haussa les épaules, comme s'il s'attendait à ce que son offre ne remonte pas à qui de droit.

"Je vous avoue ma déception. Lorsque l'on vous confie une véritable tâche de héraut, vous trouvez le moyen de l'esquiver pour continuer de jouer les notaires.

Dois-je en déduire que vous comptez replonger quelques années en vos dossiers erronés ?"

Tiens, l'ancien prince de Trêves aurait une solution. Un miracle ?