César Philippe Auguste Mort
Nombre de messages : 2817 Localisation : Belley, Savoie. Date d'inscription : 17/08/2013
| Sujet: [Culture et vous] Histoires savoisiennes Jeu 10 Avr 2014 - 22:52 | |
| Parce que la Savoie à moult histoires à conter, certainement sources d'inspirations, autant en profiter. - Citation :
- Jehan de Compey et l'affaire Compey - Ou la vendetta version savoisienne
Jehan de Compey, seigneurs de vingt-et-une terres, - parfois orthographié Jean, tout en ne devant point être confondu avec l'archevêque-comte de Tarentaise Jean de Compey - est l'un des plus célèbres membres de la noble maison des Compey, alors considérée comme l'une des plus puissantes familles du Genevois - dont le duc de l'époque n'était autre que Louis Ier, Duc de Savoie (Savoje) ; notamment par la tentative d'assassinat à son encontre et l'affaire qui en découla, qui rappellera à certains lecteurs les Grandes Purges Leostillienne de l'automne 1461.
La Savoie, alors sous la régence dudit Louis Ier - son père, Amédée VIII, s'était retiré sur ses terres de Ripaille avant de devenir l'Antipape Félix V - était en proie à une violente guerre entre la noblesse savoyarde et la noblesse chypriote, issue en partie de l'épouse du Duc, Anne de Chypre, Duchesse de Savoie. Alors favori de ladite duchesse, Jehan est considéré par nombreux nobles savoyards comme un traître au Duché et par conséquent doit donc être éliminé.
En 1446/7/8 (les dates diffèrent selon les sources), celui qui est incontestablement l'un des conseillers les plus écoutés de la chypriote organise à Étrembières - l'un de ses fiefs sis sur le Genevois - une partie de chasse comme il était coutume à l'époque de faire dans le milieu noble savoisien. Au cours de cette même chasse, Jehan de Compey est grièvement blessé, accidentellement selon les témoins, quand il s'agit là d'une tentative d'assassinat par de nombreux nobles savoyards, dont la famille de Menthon - qui possède le fief éponyme - et les Challant - implantés en Aoste. Face à cet attentat à l'encontre d'un des favoris de la cour savoisienne, le désormais Duc de Savoie Louis Ier, profitant du trépas de son père Amédée VIII, condamne à l'exil les conjurés quelques mois seulement après le début de son "règne personnel". Ces mêmes bannis se réfugieront alors à Mâcon, chez le Duc de Bourgogne et écrivent au Roi de France et au Pape Nicolas V afin de forcer le duc à casser sa sentence et permettre leur réhabilitation. Au-delà de cette sombre affaire, cette ingérence à la fois romaine et française dans la politique intérieure savoisienne marque la fin des alliances durables qui avaient été scellées entre feu Amédée VIII, le Roi de France et le Duc de Bourgogne, parents par mariage.
Le 27 mars 1455, entre sept et neuf ans après ladite tentative d'assassinat a lieu une grandiose cérémonie officielle dans laquelle Compey et Menthon se réconcilient officiellement. Quatre jours après cela, Pierre de Menthon, qui fut l'un des meneurs de cet attentat, sera assassiné par Jehan de Compey, accomplissant ainsi sa vengeance, et ne sera point condamné, ni même inquiété, de cela. En 1476, après sa défaite de Morat, Jehan sera abattu tel un brigand après avoir tenté d'assassiner le vice-châtelain de Vevey. Son fils, Philibert de Compey, assassinera à son tour Bernard de Menthon, vouant une haine sans nulle mesure envers la famille et sera condamné à mort par le Duc, bien qu'il y échappera en s'exilant. Tous ses fiefs lui seront confisqués et ne seront restitués à la famille qu'en 1526, avec un autre Philibert de Compey, descendant du premier, avant d'être définitivement perdus en 1534 suite à l'assassinat d'un chanoine fribourgeois en la ville de Genève, après avoir rejoint la Réforme protestante.
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